Les conseils d’administration belges en 2020 : moins de nominations mais un intérêt pour de nouvelles compétences
Pour la 2ième fois, les CA du BEL 20 sont passés sous la loupe du baromètre ‘Board Monitor’, aux côtés de 13 autres pays européens
Le cabinet Heidrick & Struggles, spécialisé en Executive Search et Leadership Consulting, publie la 5ième édition de son ‘Board Monitor’, un baromètre qui dresse le profil des nouveaux membres des conseils d’administration. Pour la deuxième fois consécutive, les entreprises du BEL 20 font partie de l’échantillon de l’édition européenne, ce qui permet de non seulement comparer la Belgique à une dizaine d’autres pays européens mais aussi de repérer d’éventuelles évolutions depuis l’année dernière. Avec seulement 12 nouvelles nominations (la moitié de 2019), le BEL 20 semble avoir joué la carte de la stabilité. Covid oblige ? Si un certain status quo est à noter, d’autres tendances se dégagent, et celles-ci pourraient présager une redéfinition des compétences au sein des conseils d’administration. On peut ainsi observer un attrait du BEL 20 pour des domaines tels que la cybersécurité et Diversity & Inclusion.
Relative stabilité au sein des conseils d’administration du BEL 20
Acteur majeur international en matière d’Executive Search et de Leadership Consulting pour dirigeants, Heidrick & Struggles publie pour la cinquième année son baromètre ‘Board Monitor’. Cette étude permet au cabinet d’analyser l’évolution globale du profil des nouveaux administrateurs et les différences entre pays. L’échantillon européen de l’édition 2020 est constitué de 880 administrateurs issus de 14 pays.
Parmi cet échantillon, 12 nouveaux administrateurs ont été nommés en Belgique. Il s’agit là du plus faible résultat par rapport aux autres pays et d’une diminution de 50% par rapport à l’année dernière.
Marie-Hélène De Coster, Partner-in-Charge d’Heidrick & Struggles Benelux, précise : « Il n’est pas à exclure que la pandémie du coronavirus ait eu un impact sur le nombre de nouvelles nominations au sein des conseils d’administration. Cette relative stabilité montre aussi que les conseils d’administration du BEL 20 ont fait preuve d’une forte agilité pour affronter cette pandémie et toutes les difficultés auxquelles les entreprises ont fait face en cette période hors du commun à bien des égards. Cette relative stabilité devrait donc être gage de confiance envers les conseils d’administration ».
D’autres critères ne connaissent que peu de changement par rapport à 2019. C’est notamment le cas de l’âge moyen des nouveaux administrateurs, avec une moyenne de 56 ans (soit un an de plus qu’en 2019) et des membres encore actifs sur le marché du travail, avec un chiffre de 75% (83% en 2019).
« Cette année encore, notre pays se démarque également par son caractère très international. Ainsi, 67% des nouveaux administrateurs sont ‘non-nationals’ (contre 63% en 2019) et 33% ont acquis de l’expérience au niveau international. On voit donc que la Belgique n’a pas misé sur un repli sur soi. Bien au contraire, elle se distingue encore par son ouverture à l’étranger », s’enchante Marie-Hélène De Coster.
Cybersécurité, Sustainability, Diversity & Inclusion : les futures priorités des conseils d’administration « post-covid » ?
Aujourd’hui, nous avons compris et accepté que nous allons devoir nous adapter à une ‘nouvelle normalité’. Mais qu’est-ce que cela présage pour le futur des conseils d’administration belges ?
Ce qui ressort déjà de l’édition 2020, c’est un intérêt pour d’autres types d’expertise. Ainsi, un quart des nouveaux administrateurs du BEL 20 sont d’anciens ou d’actuels CEOs, contre un tiers au niveau européen. Ce chiffre a d’ailleurs diminué de moitié par rapport à l’échantillon belge de l’année dernière.
Une tendance qui, selon Marie-Hélène De Coster, devrait de plus en plus laisser de la place pour d’autres domaines d’expertise, qui seront précieux pour les conseils d’administration dans le monde « de demain » : « Les conseils d’administration vont devoir se réinventer s’ils veulent pouvoir répondre à la nouvelle normalité post-covid. Il est probable qu’une réflexion sera entamée au sein des entreprises afin de déterminer si les conseils d’administration ont en main toutes les clés nécessaires pour faire face à ce futur un peu incertain. Ceci pourrait entrainer la nomination d’administrateurs avec des domaines d’expertise assez inédits ».
Heidrick & Struggles prévoit un boom des profils qui vont amener une compréhension et une implémentation de ces nouvelles habitudes de travail, que ce soit en termes de télétravail, de bien-être au travail, du futur du monde professionnel, etc. Et le ‘Board Monitor’ nous apprend que la Belgique a déjà pris une longueur d’avance sur un de ces éléments. Avec 17% d’administrateurs ayant de l’expérience en cybersécurité, notre pays se classe tout en haut du baromètre.
« Il est intéressant – et très positif – de constater que cette expérience en cybersécurité est prisée non seulement à un niveau exécutif mais aussi au sein des conseils d’administration », ajoute Marie-Hélène De Coster.
Un autre mouvement qui a sans conteste pris de l’ampleur ces derniers mois, c’est la Diversity & Inclusion. Pour ce critère, la Belgique est également assez bien positionnée. 8% des nouveaux administrateurs du BEL 20 ont ainsi de l’expérience en la matière (contre 6 % pour l’échantillon global).
« Black Lives Matter, #MeToo, tous ces mouvements sociétaux ont eu des répercussions sur le monde économique. Pour convaincre tout citoyen de leur engagement, les entreprises ont déployé des efforts tangibles. Et la nomination d’administrateurs expérimentés dans ce domaine est très certainement une explication de ces chiffres ».
Enfin, dernier fait intéressant à mentionner lorsqu’il est question des domaines d’expertise : le pourcentage pour le critère ‘Sustainability’ chute à 0% cette année (contre 4% l’an dernier). Un phénomène facilement explicable vu le contexte actuel :
« En temps de crise, il est évidemment impossible de s’atteler à tous les chantiers à la fois. Les conseils d’administration ont dû établir des priorités. Il faut toutefois se garder de tirer des conclusions hâtives. Ce chiffre ne signifie pas non plus qu’il y a un désintérêt pour cette matière. Au contraire, nous recevons actuellement beaucoup de demandes en ce sens, et cela devrait encore s’accélérer tout au long de 2021 », conclut Marie-Hélène De Coster.
Vous pouvez télécharger ci-dessous le rapport ‘Board Monitor Europe’ 2021 dans son entièreté.